Texte critique 2 : Projet Spermwhaler's dream
Vincent Chevillon puise dans une mythologie fortement marquée par les découvertes du XIXe siècle. L’artiste collecte nombre d’images ayant trait aux grandes épopées maritimes et aux explorations vers des territoires inconnus pour créer sculptures, images photographiques et installations.
Suivant le modèle de la Mnémosyne d’Aby Warburg, ou des Archives de la planète d’Albert Kahn, Vincent Chevillon a réalisé un programme informatique qui, à partir d’images constitutives du carnet de voyage fantasmé d’un explorateur à l’aube du XXe siècle, permet de composer de nouvelles représentations où se mêlent, dans un fondu enchaîné, Histoire et histoires. Telles des traces mnésiques, ces « images dégénérées » lui servent de cadre et d’inspiration pour concevoir des sculptures au statut hybride. La série des Sondes, sculptures-totems réalisées à partir de matériaux bruts et simples (bois, acier, béton), rappelle de potentiels outils évoquant les prémices de la pêche industrielle.
Par leur disposition dans l’espace, de telles installations favorisent l’élaboration de scénarios fictifs convoquant à la fois James Cook, Dumont d’Urville, Herman Melville et Jules Verne. Avec ce projet intitulé Spermwhaler’s Dream (littéralement, « Le rêve du pêcheur de cachalot »), Vincent Chevillon propose un ensemble qui renvoie à un univers mythique de tous les possibles, oscillant entre découvertes technologiques surannées et pouvoir de l’imagination guidé par de nouveaux horizons.
Marc Bembekoff,
texte écrit à l'occasion de l'exposition Spermwhaler's dream, Modules Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent, Palais de Tokyo, 2011