La pratique de Vincent Chevillon avance dans les interstices entre arts plastiques, anthropologie et iconologie. Artiste-chercheur à la méthode expérimentale et poétique, il confronte des objets et images de provenances diverses, manufacturés ou chinés au cours de ses expéditions. Les agencements toujours renouvelés de ce lexique plastique interrogent la construction de nos récits, la labilité des significations et des usages ainsi que les perméabilités entre les cultures et les disciplines.
Ingénieuses ou forcées, les greffes et hybridations ainsi obtenues visent toujours à mettre en branle nos certitudes et à creuser les discours dominants.
Les hamacs de Branles et corps-morts forment et informent une installation aux contours jamais identiques. Appartenant au vocabulaire marin, les hamacs s'ouvrent à de multiples usages et symboliques. Suspendus ou étendus, ils se mutent de couchage en rideau, de tapis en cape ou encore en balluchon de voyage.
S'ils accueillent des corps au repos, ils sont eux-mêmes facilement transportables. Teintés de deuil, ils envelopperont un jour la dépouille d'un marin, devenant son dernier véhicule entre deux mondes. Riches de milles récits infiniment réversibles, les montages de Vincent Chevillon interrogent ainsi de manière auto-réflexive la valeur et la destinée des choses qui les composent.


Isabelle Henrion, commissaire indépendante, Avril 2017

Isabelle Henrion (commissaire indépendante),
Avril 2017