Orion aveugle (Lisières) / Photographié en 33 prises de vues selon un principe de carroyage utilisé notamment en archéologie.
Inspiré également par les techniques mis en place entre autre par Bertillon à la fin du 19 ème siècle pour réaliser des prises de vue de scène de crime, cet ensemble présente le squelette anthropomorphe d’un être au proportion cependant étrange.
Ce grand spécimen des collections du Musée Zoologique de la ville Strasbourg a été étalé lors des travaux de réaménagement du musée en 2019. Ces restes d’un éléphant à peine pubère ont été étalé par contraintes d’espace dans une position étrangement humaine.
Exhumation de reste conservé mais jamais réassemblé faute d’espace, une dignité nouvelle lui ai conféré par le basculement à la verticale que permet l’image accroché. Face à face renforcé par le reflet du spectateur qui se superpose à cette figure, cette image questionne le passif colonial de ces collections. La figure est baignée de petite croix blanche, repère dessiné à la craie pour quadriller la surface à photographié. Géant désormais impuissant tel qu’ Orion rendu aveugle, cet impuissant autrefois sous le signe de l’hybris tâtonne dans le tableau éponyme de Nicolas Poussin, en quête d’un monde se dérobant à son appétit destructif. Reste à définir à qui le titre de cette composition renvoie?
Parmi les détails de l’image, une caisse d’ossements avec pour emballage une page des Dernières Nouvelles de Strasbourg (1934) avec notamment un article « Brot und arbeit » et le portrait tristement célèbre du chancelier allemand.

Orion aveugle
Polyptiques (33 photographies),
149,4 x 45,4 x 4 cm
Caisse américaine avec vitre